25/08/2025 dedefensa.org  8min #288329

Rapsit-Usa2025 : Les 5 yeux de Tulsi

 Brèves de crise  

25 août 2025 (10H00) – La décision de Tulsi Gabbard actant dans sa fonction de DNI de couper dans le cadre du groupe des ‘Five Eyes' tous les partages d'information concernant les négociations des USA avec la Russie sur l'Ukraine a des répercussions importantes sinon essentielles et fondamentales. Nous le répétons avec insistance, c'est une sorte d'alliance "sacrée" de près de quatre-vingts ans des pays anglo-saxons (Australie, Canada, Nouvelle Zélande, UK, USA) qui est rompue. Bien entendu, les flots d'information subsistent dans les autres domaines, mais c'est une sorte de précédent symbolique et effectivement empreint de la mystique suprémaciste anglo-saxonne qui vient d'être établie.

On a déjà vu cette affaire dans le cadre intérieur de la lutte de Gabbard contre le DeepState. Il y a également un important aspect extérieur, et c'est surtout avec ce domaine qu'est touchée la "mystique suprémaciste anglo-saxonne". C'est une doctrine vieille de 150 ans (Cecil Rhodes au milieu des années 1870) qui se voudrait avec insistance sacrée en plus évidemment d'être supérieure en tout et en toutes choses..

Un texte d'Elena Fritz (‘ euro-synergies.hauytetfort.com') détaille les conséquences extérieures, sur les relations US-Russie sur l'Ukraine (« Les États-Unis cloisonnent les informations relatives aux négociations »)

« Le 20 juillet, la responsable des services de renseignement américains, Tulsi Gabbard, a ordonné que toutes les informations relatives aux pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine ne soient plus partagées avec les services partenaires.

Même l'alliance étroite des services de renseignement « Five Eyes » (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) est concernée.

Cette mesure est plus qu'un simple détail technique. Elle signifie ce qui suit :

• Les États-Unis isolent délibérément leurs efforts de paix des canaux de communication transatlantiques habituels.

• Trump veut avoir les mains libres, sans l'influence des pays européens membres de l'OTAN, qui ont jusqu'à présent misé sur l'escalade plutôt que sur le compromis.

Ce n'est pas un hasard si les Britanniques sont exclus du flux d'information:

• Depuis le début de la guerre, Londres est considérée comme le moteur d'une ligne dure contre Moscou.

• Le Canada et l'Australie, eux aussi, suivent traditionnellement les intérêts britanniques en matière de sécurité. En mettant fin à l'échange d'informations, Washington signale que ces États ne sont pas des partenaires neutres, mais des facteurs d'aggravation du conflit.

• L'arrêt du flux d'informations montre que l'initiative dans le conflit ukrainien appartient désormais directement à Washington, Moscou et Kiev, et non plus à l'OTAN ou à l'UE.

• Cela réduit encore la marge de manœuvre politique de l'Europe: Bruxelles reste en dehors du jeu.

Conclusion:

La décision d'empêcher le flux d'informations, même envers ses partenaires les plus proches, est un signe clair: Trump veut mettre fin à la guerre – et il sait que ce sont précisément ses « alliés » qui constituent le plus grand obstacle à cet égard. »

La bataille contre le DeepState

On voit que cette décision concernant les ‘Five Eyes' touche effectivement les deux aspects de la politique US, intérieur et extérieur. Pour Gabbard, néanmoins, c'est l'aspect intérieur qui compte dans la mesure où il affecte directement les capacités et les "alliances" intérieures et extérieures du DeepState. Le DeepState reste son principal adversaire et son principal objectif.

Quoiqu'on pense de la façon dont Trump tient ses promesses de campagnes, quoiqu'on puisse penser (et il y a beaucoup à penser) sur ses folies de comportement concernant l'Ukraine et d'autres domaines, on peut admettre que, dans ce domaine du renseignement et du DeepState, il existe une vraie bataille avec principalement la DNI Gabbard en première ligne. Même s'il n'y a pas de massifs déplacements de pouvoir, il y a des attaques symboliques extrêmement marquantes, qui désignent le cadre d'une essentielle importance où se déroule la bataille.

Tulsi Gabbard, la première DNI à effectuer un véritable travail de directrice du renseignement nationale, l'a encore précisé dans une intervention générale à la télévision  le 22 août :

« La communauté du renseignement américain a été infiltrée par des acteurs de l'État profond, qui s'emploient à « insérer leurs propres opinions et points de vue politiques partisans » dans les produits de renseignement et agissent ainsi contre le peuple américain, a déclaré la directrice du renseignement national américain, Tulsi Gabbard.

La directrice du renseignement national américain, qui s'est engagée à plusieurs reprises à éliminer les acteurs voyous de la communauté du renseignement américain, a fait ces remarques jeudi lors d'une interview sur Fox Business, affirmant que l'État profond avait créé des « poches » entières au sein des agences de renseignement américaines.

« Il y avait de nombreuses poches où les acteurs de l'État profond étaient très implantés et politisaient leurs centres ou leurs positions, soit contre le peuple américain… [soit] en créant des produits de renseignement et en y insérant leurs propres opinions et points de vue politiques partisans », a-t-elle déclaré à la chaîne. « Ce sont des individus dangereux, car ils estiment que leurs opinions priment sur la Constitution américaine, qu'ils jurent tous de respecter, de soutenir et de défendre, ainsi que sur ceux qui sont élus par le peuple américain, et plus particulièrement le président des États-Unis », a ajouté Gabbard.

Au fil des ans, la communauté du renseignement s'est extrêmement politisée et s'est éloignée de ses objectifs et de son mandat initial, a ajouté Gabbard. « C'est très simple. Le mandat de la communauté du renseignement est de trouver la vérité et de la dire », a-t-elle souligné, ajoutant que seule une transparence suffisante pourrait garantir une véritable responsabilisation de la communauté du renseignement et produire un « véritable changement ».

L'"alliance sacrée"

Maintenant, revenons à l'essentiel, du point de vue de la doctrine générale du suprémacisme anglo-saxon, rappelant cette phrase écrite ci-dessus :'

« Nous le répétons avec insistance, c'est une sorte d'alliance "sacrée" de près de quatre-vingts ans des pays anglo-saxons (Australie, Canada, Nouvelle Zélande, UK, USA) qui est rompue. »

C'est évidemment dans ce cadre que l'action de Tulsi Gabbard est d'une très grande importance, – sans conjecturer sur le résultat de cette bataille, – ni sur le sort de Gabbard et la façon dont on lui laissera faire son travail... Jusqu'ici, dans tous les cas, elle exécute sa mission comme on peut l'attendre qu'elle le fasse, compte tenu de la puissance à laquelle elle s'attaque. C'est alors qu'on peut mesurer l'ampleur extraordinaire (qui n'est pas automatiquement voulue ni réalisée) du système auquel elle s'attaque.

L'alliance suprémaciste anglo-saxonne est un projet, on l'a dit, qui remonte aux années 1870 et aux projets de Cecil Rhodes, cette puissance personnalité britannique, dont le but était de sauver l'empire britannique par le biais d'une alliance anglo-saxonne s'appuyant bien entendu sur la puissance montante des USA. Il s'agissait d'un projet de prolongement de la domination du monde.

On a bien vu que le poids des différents acteurs s'est complètement modifié, avec l'effondrement de la puissance britannique, remplacé par, sinon au profit de la puissance américaniste. Mais dans l'esprit des Britanniques notamment, c'était un prolongement de l'empire victorien et la chose est minutieusement détaillée notamment dans des directives du Foreign Office telles qu'elles ont été révélées dans le livre  de John Charmley sur ‘La Passion de Churchill' :

« En tentant d'exposer "l'essence d'une politique américaine" en 1944, un diplomate définit parfaitement cette attitude. La politique traditionnelle du Royaume-Uni de chercher à empêcher qu'une puissance exerçât une position dominante était écartée : "Notre but ne doit pas être de chercher à équilibrer notre puissance contre celle des États-Unis, mais d'utiliser la puissance américaine pour des objectifs que nous considérons comme bénéfiques." La politique britannique devrait être désormais considérée comme un moyen d' "orienter cette énorme péniche maladroite [les USA] vers le port qui convient." L'idée d'utiliser "la puissance américaine pour protéger le Commonwealth et l'Empire" avait beaucoup de charme en soi, en fonction de ce que l'on sait des attitudes de Roosevelt concernant l'Europe. Elle était également un parfait exemple de la façon dont les Britanniques parvenaient à se tromper eux-mêmes à propos de l'Amérique. »

Il ne faut pas s'y tromper : c'est une stratégie pour une cause sacrée, qui est le suprémacisme anglo-saxons (« Nous devons être l'Athènes des USA devenus la Rome du monde actuel », disait le Premier ministre McMillan après avoir trahi le gouvernement de Eden [tombé malade] après l'expédition de Suez). L'attaque contre les ‘Five Eyes', quoi qu'elle donne, constitue un acte fondamental qui met en cause la sacralité de la Cause. Une fois posé, cet acte ne peut être rattrapé car le sacré est une chose intouchable ou n'est plus... C'est-à-dire que nous assistons, au travers de cette mesure, à une action symbolique actant la chute de l'influence des deux piliers de l'anglosaxonisme, su suprémacisme anglo-saxon. Bien entendu, cet événement est partie prenante de la  GrandeCrise qui nous dévaste, et également de la stabilité interne des deux "piliers de l'anglosaxonisme"

Rien que pour cela, le nom de Tulsi Gabbard restera dans l'histoire, et le nom d'une femme (pour une fois, "salut au genre et à la minorité de couleur !") qui a entamé, sans la moindre promesse de récompense et encore plus de victoire, ce qui pourrait et devrait être la plus grande bataille de la chute de la modernité... Car nous sommes persuadés, – question de conviction, – que Gabbard réalise cela bien plus que Trump qui ignore ce que c'est que ‘Five Eyes' et le suprémacisme anglo-saxon.

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